Travailler en PME : le bon profil

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Tendances
Publié le lundi 14 décembre 2015
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De leurs recrues, les PME attendent un certain nombre de qualités spécifiques. Détails.

© DR - Les PME misent sur des employés polyvalents. Plus la structure est petite, moins le poste de travail est cloisonné.

 

Autonomie, polyvalence et esprit d’équipe :
ce sont les principaux termes qui reviennent dans le discours des spécialistes du recrutement en PME. « Je ne suis pas certaine qu’il faille vraiment sortir du lot pour travailler dans une petite entreprise, mais il faut avoir envie de s’investir dans un projet, juge Valérie Le Borgne, directrice Sud-Est du cabinet de recrutement Expectra. Le patron d’une PME a la mainmise sur beaucoup de choses, mais il attend aussi de ses collaborateurs qu’ils soient forces de proposition et apportent leur pierre à l’édifice. » Plus la structure est petite, moins le poste de travail est cloisonné : pour prouver sa motivation, le candidat à l’embauche saura démontrer, dès l’entretien, qu’il connaît bien la PME qu’il espère rejoindre, son secteur d’activité et son évolution. Une fois recruté, il apportera des solutions aux problématiques de son employeur.

« Dans le cambouis »

Nathalie Ferrucci préside le groupe Côte d’Azur de l’Association nationale des DRH. « Quand on travaille dans une PME, on est dans le concret, les mains dans le cambouis, assure-t-elle. L’esprit d’initiative est dès lors une qualité importante. Le dirigeant de l’entreprise donne le ton : l’employé doit savoir écouter et prendre la mesure de la société qu’il a rejointe. Je ne vois pas pourquoi ses remarques constructives pourraient, ensuite, être mal prises. » Autre qualité attendue d’un employé de PME : sa capacité d’adaptation rapide à un contexte de plus en plus globalisé. Nathalie Ferrucci n’y voit pas forcément un danger pour les salariés : « Faire évoluer son business model rapidement peut aussi être une opportunité pour les petites structures, qui s’avèrent généralement plus réactives face à un monde complexe, à la fois compliqué et changeant. » Valérie Le Borgne est sur la même longueur d’ondes : « Les plus grands groupes offrent un cadre rassurant, mais les PME démontrent en général une plus grande agilité. L’envergure des postes qu’elles proposent est plus importante. » Les grilles de rémunération, elles, peuvent être plus faibles. En contrepartie, les PME mettent donc également en avant des possibilités accrues de négociation directe avec l’employeur.

Emploi : un léger regain d’optimisme

Les entreprises de Méditerranée se montrent plus optimistes que l’an passé et anticipent un redressement de leur activité. C’est l’une des conclusions d’une enquête Bpifrance, publiée en juillet dernier. Un rebond de l’emploi peut être espéré : 18% des PME du Languedoc-Roussillon et 21% de PACA ont d’ores et déjà développé leurs effectifs depuis la fin de l’année dernière. Une dynamique qui va se maintenir à moyen terme : environ un tiers des PME des deux régions voient leur activité se développer en 2016. Conséquence : 21% des chefs d’entreprise interrogés pensent augmenter encore leurs effectifs. Au plan financier, la proportion des PME qui font face à des soucis de trésorerie devrait s’atténuer en 2016. Seul bémol statistique à ce bilan encourageant : moins de la moitié de chefs d’entreprise de PACA et du Languedoc-Roussillon se déclarent prêts à investir l’an prochain.

Interview

Ely de Travieso
Directeur de Phonesec

Pour travailler dans une PME, est-il nécessaire de présenter un profil spécifique ?

Ely de Travieso La PME ne peut pas fragmenter les taches autant qu’une grande entreprise. L’employé doit s’attendre à couvrir des besoins qui vont au-delà de son coeur de compétence.

Qu’est-ce qui change dans un grand groupe ?

E.T. On ne vit pas les enjeux de la même manière. Là où la grande entreprise apporte un cadre de fonctionnement précis et un encadrement fort, la petite ne dispose pas des mêmes moyens. Les prises de décision au quotidien y ont des conséquences bien plus immédiates, perceptibles et difficiles à rattraper en cas d’erreur.

Qu’en est-il des ressources humaines au sein des PME ?

E.T.. Une PME offre une plus grande transversalité de fonctionnement. L’employé parvient assez vite à comprendre et identifier les opportunités qui pourraient lui permettre d’évoluer. Sa fidélité peut s’avérer payante, mais l’expérience accumulée peut aussi séduire un plus grand groupe ou une autre PME, qui permettra d’accéder à un niveau de responsabilité supérieur. Il ne faut pas négliger les opportunités dans de très jeunes entreprises (Start-up).

Les PME vous paraissent-elles plus ouvertes aux initiatives de leurs employés ?

E.T. La ressource humaine est rare dans une PME. Centraliser l’initiative apporte vite une forme d’asphyxie fonctionnelle. Se pose tout de même la question de la conséquence de ces initiatives.

Surtout à l’heure de la digitalisation...

E.T. En effet. Or, ce virage n’est pas réversible et devrait s’accélérer. La mutation des fonctions est une tendance claire et les compétences s’acquièrent par la formation ou l’intégration de profils nouveaux. Pour se préparer aux évolutions, l’entreprise doit identifier ses besoins, adapter sa politique de formation et de recrutement, ne pas hésiter à sous-traiter. En matière de sécurité numérique, les PME, moins visées, sont confrontées à des carences. Elles sont plus vulnérables parce que souvent, leurs besoins sont les mêmes, alors que les moyens de sécurisation, eux, différent totalement.

Quels sont les éventuels besoins des PME auxquels le marché du travail répond mal ou ne répond pas du tout ?

E.T. Certaines offres ont du mal à trouver preneur, un comble dans la situation actuelle ! Mais en dehors de quelques cas, c’est un faux problème. Si la demande est faible, c’est que l’offre n’est sans doute pas suffisamment attractive. Et si, pour rendre une offre attractive, l’entreprise doit générer des déséquilibres financiers et perdre en compétitivité, c’est qu’il existe un problème de fond plus grave.