La ville du futur se dessine en PACA

  • Twitter Cadremploi
  • Facebook Cadremploi
  • Linkedin Cadremploi
Actualités et conseils sur les carrières en méditérannée
Tendances
Publié le mercredi 11 janvier 2017
Vignette-ville-futur_m

Lauréate de l’appel à projets national Flexgrid pour le déploiement des Réseaux Électriques Intelligents, la Région Paca ambitionne de devenir la première « smart région » d’Europe. Nice et Marseille expérimentent déjà les technologies qui seront déployées dans les futures smart cities.

À l’ouest de Nice, l’écoquartier Nice Méridia vise 20000 emplois d’ici 10 ans.

Analyser à l’aide de capteurs la qualité de l’air, mesurer le niveau sonore, optimiser l’irrigation des parcs, l’éclairage de la ville ou le ramassage des ordures, voilà quelques exemples de ce qu’une ville intelligente, ou smart city, peut réaliser grâce aux technologies numériques. Pionnière en la matière, et classée parmi les villes les plus intelligentes du monde, Nice a déjà expérimenté un bon nombre de dispositifs destinés à améliorer la qualité de vie des habitants et à réduire la consommation d’énergie. Un exemple : la Métropole Nice Côte d’Azur équipe progressivement les colonnes de tri (verre et papier) de 200 capteurs de remplissage qui déclenchent une alarme lorsque les poubelles sont presque pleines. Un moyen d’optimiser les tournées et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette collecte high-tech a permis de réaliser 708 671 € HT d’économies en 2014. Les 250 bâtiments les plus énergivores de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d’Azur sont également au coeur du déploiement de la Gestion Technique et Intelligente des Bâtiments qui permet d’en améliorer le fonctionnement, d’anticiper les anomalies et les pannes et de prévenir tout risque de black-out. D’ici 2017, 100 000 capteurs seront posés pour collecter en temps réel l’ensemble des données (consommation d’électricité, chaleur…) des bâtiments. En cas de surcharge du réseau électrique, l’intensité de l’éclairage pourra être réduite à distance et instantanément.

Faire mieux avec moins

À Marseille, l’aménagement de la ville de demain prend en compte les enjeux sociétaux et de développement durable. Au nord de la ville, l’écoquartier Smartseille fait partie des seize lauréats de l’appel à projets « Démonstrateurs industriels pour la ville durable » dont l’objectif est de promouvoir l’excellence française à l’étranger. Il prévoit la construction de 58 000 m2 de logements, bureaux, hôtels, commerces, dans lesquels vivront et travailleront 4000 personnes. «Le coeur du sujet de la smart city est le service rendu aux habitants, analyse Jean-François Royer, directeur du développement d’Euroméditerranée, le plus grand projet de rénovation urbaine en Europe. La smart city n’est pas la ville la plus perfectionnée en termes de technologies, mais celle qui va rendre le plus de services aux habitants. Pour développer Smartseille, nous avons adopté une stratégie d’aménagement et de construction “Low Cost/ Easy Tech” avec l’idée de faire mieux avec moins. Ainsi, le constructeur Eiffage a eu recours à la mycorémédiation, une technique à base de champignon, pour dépolluer le terrain de cette ancienne friche industrielle. L’utilisation des parkings est optimisée : les places utilisées par les travailleurs des bureaux le jour sont récupérées par les habitants du quartier la nuit. Le coût de réalisation de ces parkings est donc réduit.» De même, pour diminuer au maximum les déperditions énergétiques, toutes les structures bénéficient d’une conception bioclimatique. Grâce à une boucle thalassothermique, un échange de chaleur s’opère à l’intérieur de l’îlot : les calories de l’eau de mer puisée dans le port industriel de Marseille sont dirigées vers un échangeur qui permet de délivrer eau chaude, chauffage et climatisation dans les bureaux. Un ingénieux système qui réduit la consommation énergétique de 30 % et la consommation d’eau de 65 % pour les habitants.

LE SMART CITY INNOVATION CENTER, MOTEUR D’INNOVATION DE NICE MÉRIDIA

Au coeur de l’Eco-Vallée, le Smart City Innovation Center est une plateforme collaborative unique en France, qui réunit dans un même lieu les acteurs de la recherche et de l’enseignement, les start-ups du territoire et un consortium de grandes entreprises leaders sur la smart city (Veolia, IBM, M2ocity, Orange, etc.). Lieu de partage de données et d’expérimentation sur le thème de la ville intelligente, il prend la forme d’un show-room de 300 m² dans lequel tout visiteur peut visualiser et comprendre très concrètement la smart city, ses applications et ce qu’elle permet d’améliorer au quotidien dans la vie de la cité. C’est aussi une vitrine destinée aux investisseurs et aux entreprises qui envisagent de s’installer dans la Métropole.

Les smart cities, viviers d’emploi

Outre l’amélioration des conditions de vie et les économies d’énergie, les smart cities apportent aussi aux territoires de nouveaux emplois. Le quartier de l’îlot Allar à Marseille devrait abriter 2 000 emplois. Euroméditerranée 2, qui est la deuxième phase de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, représente 20 000 nouveaux emplois d’ici 2030. « La smart city génère du développement économique, indique Christian Tordo, adjoint au maire de Nice, délégué au développement économique. L’utilisation des technologies dans la ville est sans limites. C’est un puissant outil d’attractivité et de création d’emplois. Sur l’ensemble des activités de l’écoquartier Nice Méridia, plus de 20000 emplois sont attendus sur les dix prochaines années. Environ 800 emplois ont d’ores et déjà été créés depuis 2011 dans la pépinière et dans l’hôtel d’entreprises de ce nouveau quartier». Dans les zones de Sophia-Antipolis et de Nice, des géants mondiaux et des start-ups innovantes installent leurs centres de recherche pour développer et tester de nouveaux dispositifs. Dans la plaine du Var, Nice Méridia accueille par exemple une plateforme technologique collaborative, Smart City Innovation Center. La ville en attend des centaines de millions d’euros de retombées.

Les Orres, station de ski connectée

La station de ski des Orres, dans les Hautes-Alpes, expérimente, avec le soutien d’EDF, un système électrique intelligent permettant d’adapter en temps réel la consommation d’énergie sur tout le domaine. Appliqué aux remontées mécaniques, aux canons à neige, mais aussi aux bâtiments administratifs, ce procédé de pilotage gère un grand nombre de données et communique à distance avec les équipements électriques alimentés par la centrale hydraulique de Serre-Ponçon. Les Orres possèdent également, depuis 2007, plus de 120 bornes permettant un accès Wifi gratuit sur l’ensemble de la commune. Une appli mobile propose toutes les infos pratiques sur la station, ainsi que des services comme le calcul de ses performances, le temps d’attente aux télésièges, l’état des routes, les aires de chaînage, le plan des pistes interactif ou la géolocalisation des navettes internes. C’est un exemple du projet « Smart mountain » que met en place la Région Paca.

Interview

Christian Estrosi
Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

LE président de la Région Provence-Alpes- Côte d'Azur et de la Métropole Nice Côte d'Azur, veut s'inspirer de son expérience à Nice pour faire de Paca la première smart région d'Europe.

Les réseaux intelligents, c'est le pétrole de demain

Paca est le territoire lauréat pour le déploiement à grande échelle des Réseaux électriques intelligents (Flexgrid). Quels sont les enjeux pour la région ?

L'enjeu est de propulser notre territoire dans l'économie du XXIe siècle. Les réseaux intelligents, c'est le pétrole de demain. Ils nous permettent non seulement de développer une véritable industrie non délocalisable, mais cela s'inscrit également dans le cadre d'un développement durable notamment grâce à d'importantes économies d'énergies. C'est la preuve que l'écologie peut être mise au service de l'économie. C'est du gagnant-gagnant ! Et le projet Flexgrid, avec ses 650 millions d'euros investis sur notre territoire et plus de 6 000 emplois créés, y participe pleinement.

Paca est encore loin derrière la région Auvergne-Rhône-Alpes en matière d'innovation (750 brevets déposés chaque année en Paca contre 2 300 en Ara). Comment comptez-vous booster l'innovation ?

Nous savons tous qu'un territoire qui n'innove pas suffisamment est un territoire qui se meurt à petit feu. À Nice, nous avons relevé le défi de la smart city puisque la ville est désormais la 4e smart city au monde devant Singapour. Cette stratégie payante, nous la mettons en place à l'échelle de la Métropole Nice Côte d'Azur mais aussi de la Région. Ceci passe par un soutien massif aux entrepreneurs des filières d'excellence de notre région où nous disposons d'avantages comparatifs. En octobre dernier, nous avons donc lancé nos douze Opérations d'Intérêt Régional qui génèreront un milliard d'euros d'investissement dans la recherche, le développement, l'innovation au sein de filières d'excellence (silver économie, écotechnologie, transition numérique…), qui permettront de créer 50 000 emplois en attirant plus de 500 entreprises innovantes. L'innovation va donc être soutenue et stimulée en nous fixant l'objectif de doubler le nombre de brevets déposés en Paca d'ici la fin de notre mandat.

La région Paca est un territoire contrasté, entre mer et montagnes. Les zones rurales et isolées ne risquent-elles pas d'être oubliées dans le déploiement des smart grids ?

Au contraire, nous redoublons d'efforts pour les territoires ruraux et reculés car nous sommes pleinement conscients de l'abandon dont leurs habitants ont souffert ces dernières années. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé un plan Smart Mountain de 100 millions d'euros pour permettre de moderniser nos territoires alpins notamment.

Quels sont les défis à relever dans les ports ?

Les ports connectés sont un défi majeur pour notre économie. Avec l'entreprise Cisco, nous travaillons à faire du Grand Port Maritime de Marseille un des premiers ports connectés, avec pour modèle le port de Hambourg. Nous investissons dans le placement de capteur pour gérer les flux, optimiser la consommation énergétique et renforcer la sécurité pour faciliter les contrôles. Nous formons également des hommes et des femmes à l'analyse des données récoltées par ces capteurs. Ce sera un important facteur de création d'emplois.

Un territoire qui n'innove pas suffisamment est un territoire qui se meurt à petit feu

En chiffres

  • Plus de 25 projets de territoire
  • 145 structures impliquées : des industriels, PME, des centres de recherche et d'enseignement régionaux et les pôles de compétitivité Capenergies et Solutions Communicantes Sécurisées
  • 240 millions d'euros d'investissements, dont plus de 150 millions d'euros d'investissements publics et privés, 50 millions d'euros dédiés dans le cadre des grands investissements et 40 millions d'euros portés par les gestionnaires de réseaux, RTE et ERDF.
  • Plus de 6 200 créations d'emplois estimées en Paca (25 000 emplois sur toute la France)
  • 911 100 kilos tonnes équivalent CO² évitées