French Tech : les discrètes pépites de la région recrutent des cadres

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Territoires
Publié le lundi 27 novembre 2017
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La Côte d’Azur a tendance à être synonyme de vacances. Pourtant, en coulisses, un important concentré de start-up a pris ses marques dans la région et se développe même à l’international. Peu connues du grand public, ces pépites de la région Paca embauchent des cadres dans tous les domaines.
Par Farah Sadallah

La région Paca est plus connue pour son climat que pour le dynamisme de son marché de l’emploi. Le taux de chômage y est supérieur à la moyenne nationale (11 % contre 9 % au premier trimestre 2017 selon l’Insee) et l’indice de vitalité économique, défini par une récente étude du Figaro, placerait Nice, Marseille, Toulon ou encore Grasse au bas de l’échelle des villes les plus dynamiques de France. Pourtant des entreprises innovantes à forte croissance poussent à foison. Elles décloisonnent le territoire depuis que la région a obtenu le label French Tech pour la Métropole Aix-Marseille et la Côte d’Azur. « Au début, la région n’en voulait pas, bien qu’elle n’ait pas eu le choix, confie Stéphane Soto directeur général de la French Tech Aix-Marseille. Les entreprises sont maintenant plus enclines à collaborer et dégagent plus de synergies positives. De plus, ces sociétés se positionnent davantage sur l’échiquier international que national. »

Des entreprises de niches

Connues dans certains pays, elles ne le sont pas toujours du grand public. Ce sont le plus souvent des sociétés de niches, orientées vers le marché BtoB. C’est notamment le cas de celles qui évoluent dans les secteurs porteurs de la biotech, de la cleantech ou encore de la medtech, qui regroupent des entreprises à forte croissance. Provepharm en fait partie. Basée à Marseille, elle a été créée par Michel Feraud, fondateur de Provence Technologies, un laboratoire marseillais. La société a purifié une molécule oubliée, le bleu de méthylène. Elle a développé et commercialisé ce colorant aux qualités thérapeutiques multiples connu pour être un antidote à l’empoisonnement du sang. Elle a reçu en 2017 le Pass French Tech, qui récompense les pépites en hyper croissance et à très fort potentiel de développement national et surtout international. Cette jeune pousse de la medtech est présente dans une vingtaine de pays, comme les États-Unis, certains pays Europe, le Japon ou encore l’Australie. D’autres entreprises de l’e-santé sont dans la même dynamique. La société aixoise @-Health a mis au point Cardionexion, un t-shirt connecté qui surveille l’activité cardiaque à distance, permettant le dépistage et l’analyse ultra-précoce de l’ensemble des pathologies cardiovasculaires. L’entreprise cotée en bourse s’est ouverte sans problème à l’international. En Chine, notamment à Tianjin, où l’isolement géographique des patients crée un déficit de leur suivi médical. En Inde, également, « où la population concentre plus de 60 % des pathologies cardiaques dans le monde entier », indique un communiqué d’@-Health. Une autre pépite spécialisée dans l’échographie, Supersonic Imagine, surfe également sur une croissance à deux chiffres. L’entreprise aixoise opère sur trois marchés : en France, aux États-Unis et en Chine.

Connues dans le monde entier

D’autres entreprises de la région Paca ont plus de notoriété comme Ween (un thermostat intelligent), Wiko et Crosscall (deux marques de smartphone), My Flying Box (un service de transport de colis). Ce sont « des boîtes en hyper accélération, garantes d’une certaine stabilité dans l’avenir et qui offrent le plus d’offres d’emploi », confirme Stéphane Paoli, adjoint au maire d’Aix-en-Provence. Ellcie Healthy recrute elle aussi. La start-up propose des lunettes connectées intelligentes qui préservent la santé, et le bien-être des porteurs en leur évitant de piquer du nez. Leur commercialisation est prévue pour début 2018, et la future pépite, fondée par Philippe Peyrard, l’ancien PDG d’Atol, compte embaucher une douzaine de personnes en 2018. Parmi elles, des ingénieurs, des professionnels issus d’autres filières scientifiques comme la biologie, la pharmacie ou des professionnels du marketing, dans l’administration et la finance.

Des profils bilingues voire trilingues

Les domaines de la biotech et des objets connectés ne sont pas les seuls secteurs porteurs de la région. Le e-commerce est également en plein développement. Oxatis, qui a développé une solution e-commerce clé en main, opère en France, en Angleterre, en Espagne et en Italie. 90 % de ses effectifs demeurent sur le territoire national, soit un peu moins de 200 personnes. L’entreprise a recruté 45 personnes cette année et compte en recruter encore 35 avant la fin 2017. Les candidats retenus seront minimum bilingues, voire trilingues. Elle recherche des ingénieurs en R&D, des professionnels de la vente, des business developer, des commerciaux, des graphistes, mais aussi des compétences dans les métiers du support et du trafic. « Tout l’univers du digital est couvert », affirme Marc Schillaci, président du directoire d’Oxatis. On retrouve les mêmes besoins chez MyLittleAdventure, implantée dans la technopole Sophia Antipolis. Cette entreprise lauréate du dernier Google Next Tourism, a été fondée par Valéry Bernard, un ancien développeur d’Air France et d’Amadeus. Elle propose des activités qui enrichissent grâce à l’intelligence artificielle les voyages privés comme les voyages d’affaires. Elle recrute d’ici 2018, un professionnel du marketing, un commercial BtoB, deux développeurs (base de données et Javascript) et un data scientist.

Des postes en tension

« Ces entreprises recrutent à tous niveaux d’expérience, de 1 à 10 ans », explique Stéphane Soto. En revanche, ces postes sont le plus souvent en tension. « Les développeurs purs en big data, les data scientist, et les profils qui ont des compétences en web marketing, sont les plus difficiles à trouver », affirme le directeur général de la French Tech d’Aix-Marseille : « La région a pourtant de quoi attirer, nous avons des postes évolutifs, des propositions de carrière internationale et un cadre de vie exceptionnel ». Et les cadres qui viennent de l’extérieur sont bien accueillis par les entreprises. « Nous intégrons avec beaucoup de délicatesse et d’attention les travailleurs et leur famille qui viennent d’une autre région », affirme Marc Schillaci.

À la conquête du marché mondial

Ces pépites bénéficient des infrastructures portuaires, aéronautiques de la région et du réseau internet de la cité phocéenne, le plus gros d’Europe, qui facilite les échanges avec le reste du Vieux Continent, mais aussi avec l’Afrique et le Moyen-Orient. Elles se font aussi connaître à l’étranger, lors d’événements tels que le CES de Las Vegas 2017, où la région Paca était la deuxième représentation française avec 23 start-ups. Leur objectif : « aller là où il y a du marché » lance Valérie Groues, directrice de la French Tech Côte d’Azur, que ce soit en France ou à l’étranger.

TheCamp, un écosystème qui recrute les pionniers du futur

Le campus futuriste international TheCamp ouvrira ses portes à Aix-en-Provence à l’automne 2017. Son objectif, explorer le futur pour trouver des innovations sociales, technologiques et comportementales afin de les expérimenter au sein de TheCamp. « L’intérêt étant de trouver des solutions pour créer un monde plus humain, et plus durable », déclare Antoine Meunier, directeur de la communication de la structure. Pour se faire, le complexe cherche encore une trentaine de personnes. Un chiffre qui sera amené à évoluer suivant les besoins. Parmi les postes à pourvoir : un Fab Lab manager, des développeurs, des commerciaux, des professionnels des ressources humaines, et de l’hôtellerie. Les candidatures spontanées sont également les bienvenues, à partir du moment où le candidat explique comment il peut contribuer à améliorer le futur.TheCamp ouvrira à partir de novembre 2017 d’autres candidatures pour intégrer une promotion de talents qui seront hébergés en résidence pendant six mois. Une trentaine de personnes sont attendues. Parmi eux : des graphistes, des développeurs 3D, des codeurs, et des designers fraîchement diplômés. En plus des compétences techniques, ils devront partager un même état d’esprit : « Créer un futur plus honnête et durable, avoir une âme d’explorateur, faire émerger de nouveaux projets et bouger les lignes », décrit Antoine Meunier. Une promotion a déjà été lancée. Elle compte 25 personnes dont la moitié sont des Français. « L’un d’entre eux a d’ailleurs 16 ans, il vient tout droit de l’école 42, et s’est révélé être un codeur hors pair et un challenge maker », décrit Antoine Meunier. Cette promotion pourra évoluer dans un univers de 11 000 mètres carrés, composé d’un accélérateur de start-ups, d’un incubateur, d’un pôle de formation (où même les cadres pourront se former), il comptera aussi des financeurs et de grandes entreprises.